Le principal prédateur du maïs s’adapte à sa version OGM

Date de publication: 
2014/04/08
Auteur: 

Pascal Farcy

Génétiquement modifié pour résister à la chrysomèledes racines du maïs (Diabrotica virgifera virgifera), le maïs Bt y aura été résistant de 1995 (date de sa première autorisation de culture, aux USA) à 2009. Une période durant laquelle la chrysomèle, principal prédateur du maïs, s’est progressivement adaptée à la toxine insecticide produite par une version OGM, spécifiquement créée pour lutter contre ses dégâts. Si en 2009 seuls des cas de résistance ont été signalés dans le nord de l’Iowa, en mars de cette année, une nouvelle étude démontre qu’une majorité des chrysomèles des racines du maïs ont muté pour devenir résistantes à la toxine du maïs transgénique.

En l’espace de quelques années, le maïs Bt est apparu comme un sauveur pour les agriculteurs. Voyant les populations de chrysomèles et de pyrale du maïs, un autre ravageur de la céréale, chuter dans tout le Midwest, leurs rendements augmentaient et ils réduisaient leur utilisation d’insecticides classiques.

Néanmoins, le répit face à cet insecte et à ses larves foreuses de galeries dans les racines des maïs n’aura pas duré longtemps. Dès le début des années 2000, des scientifiques alertent sur l’évolution de la résistance des insectes aux insecticides. En effet, toute chrysomèle, survivant à la toxine générée par le maïs Bt, est susceptible de se reproduire et donc de transmettre la résistance qu’elle a développée. Face à ce constat, les chercheurs en appellent au principe de précaution, avec la création de zones dites « refuges », cultivées en maïs non Bt. Dans ces espaces, les chrysomèlesresteraient sensibles à la toxine générée par le maïs OGM, tandis qu’en s’accouplant avec leurs congénères résistants au Bt, elles limiteraient fortement le risque de voir leur génétique évoluer pour s’adapter à la toxine générée par l’OGM. Pour cela, les scientifiques recommandent un minimum de 50 % des champs de maïs plantés en non Bt, sans oublier une année de transition avec une autre culture. Mais l’EPA (Agence pour la Protection de l’Environnement US), sensible à l’intense lobbying des promoteurs du maïs Bt, fixe ce pourcentage entre 5 et 20 % des surfaces cultivées.

Dans ce cadre, sept ans plus tard, en 2009, les premiers signalements de dommages importants aux cultures de maïs Bt font leur apparition dans l’Iowa. Des chrysomèles des racines du maïs sont devenues résistantes à l’une des trois variétés de maïs Bt. Aujourd’hui, en 2014, l’étude parue dernièrement révèle que des chrysomèles sont dorénavant résistantes à une deuxième variété de maïs OGM, dotée d’un type de toxine Bt différente…

Au final, cette mutation génétique des chrysomèles des racines du maïs signifie, selon les chercheurs, que le futurmaïs transgénique prévu pour répondre à l’évolution des insectes, en produisant simultanément plusieurs toxines Bt, ne sera pas efficace. Néanmoins, il est probable que pour les firmes à l’origine de ces OGM, telle la multinationale Monsanto avec son maïs MON 810 (une des variétés de Bt), cette adaptabilité génétique des chrysomèles n’est pas négative. Les agriculteurs devraient en effet continuer à semer du maïs Bt, toujours efficace contre d’autres nuisibles, en recourant de nouveau massivement aux insecticides « traditionnels », produits par ces mêmes sociétés !